Exhumation électrique inopinée

http://sendmedeadflowers.com/2008/02/velvet-underg- round-live-at-gymnasium.html#links

Ce lien vous permettra d ‘écouter  » I’ m not a young man anymore « , titre du Velvet totalement inédit, jamais paru sur disque, enregistré live au Gymnasium en avril 1967, et qui vient subitement de resurgir des limbes…

Le morceau est très simple, basique, rudimentaire même, mais n’en est pas moins grandiose, dans sa nonchalance électrique chaloupée typiquement velvetienne…

Quand on pense qu’il date d’ il y a 41 ans…

In the mood for LOL

 » Le krach de l’esprit de sérieux et l’instauration de l’âge de l’humour sont des évidences qu’il est vain de nier. Quelque intense que soit le désir des plus agiles et des plus pénétrants de blâmer leur époque, ils sont des représentants de l’âge de l’humour, peut-être même les plus grotesques et les plus pathétiques dans leur croyance naïve de pas être contaminé. 
A l’âge de l’humour, chacun est condamné à être un clown, et ceux qui veulent être sérieux ne sont que des clowns qui souffrent. » (…) 

 » Personne n’échappe au pouvoir absolu de l’humour, ce souverain d’apparence débonnaire, en réalité cruel et totalitaire, dont les médias disent l’excellence du matin au soir, et qui frappe les écrits et les personnes d’ insignifiance.  » (…) 

 » Depuis que le mouvement punk a pressenti l’imminence d’une apocalypse, le fait que rien ne se passe dans nos sociétés suscite un soulagement de tous les jours. Et je me demande , quand je porte un regard sur ma vie écoulée, si ma conduite générale, ma détermination à ne rien entreprendre, à n’adhérer durablement à rien, ne vient pas d’une certitude formée dans ces années-là : que, quoi qu’il arrive, ce serait néfaste, et que chaque année m’entraînant vers la mort serait non pas une année de perdue, mais une année de gagnée.  » 

Michka Assayas, Exhibition, 2002.

Vivons heureux en entendant la mort

Je vais tâcher d’avoir l’ esprit « participatif », pour une fois, bien que je n’ai pas la candeur de croire en la démocratie et surtout pas en celle que nous a proposé Sainte Thérèse du P.S (enfin, c’est pas le propos…), en vous posant une question à laquelle j’ai moi-même pas mal gambergé cette nuit. 

 

Quel serai(ent) la (les) chanson(s) que vous souhaiteriez que l’on diffuse lors de vos funérailles ?

Déjà, ça change un peu de la traditionnelle, ridicule et improbable question dite de « l’ île déserte ». Et ça ne me semble pas si anodin que ça le paraît : Il s’agit tout de même de ne pas rater sa sortie, à défaut d’avoir réussi sa vie. Comme le disait si bien Jean-Marie Proslier dans une fameuse pub de mon enfance : « Bon vivant rime avec prévoyant ». M’ est avis que le gros avait vu juste, pour le coup.

Je vous livre donc mon choix final, qui fut acquis de haute lutte d’un long combat entre ma psyché névropathe et ma discothèque, tout aussi dérangée. 

J’ ai tout d’abord pensé à un requiem (Mozart ou Fauré, of course) et à des chants grégoriens (ceux de l’ abbaye de Solesmes, de préférence). Je vous rassure, j’ ai abandonné l’ idée au bout de deux secondes… j’ veux dire, si c’est pour avoir des obsèques aussi convenues et chiantes que celles de Césaire, autant s’abstenir. On ne meurt qu’une fois, flûte ! 

Finalement, cinq chansons se sont imposées (je me réserve le droit de modifier cette liste avant le grand départ, on sait jamais y’ peut-être des trucs biens que je pourrais découvrir d’ici là…mais j’ en doute) : 

 

_ Frank Sinatra, « It was a very good year » 

La vie telle que j’ aurais voulu la mener, indolente et facile… une très grande chanson nostalgique. 

 

_ Le thème du « Clan des Siciliens », par Ennio Morricone : 

Un des plus beaux morceaux de musique de tous les temps, même si le film de Verneuil est vraiment pas terrible. 

 

_John Coltrane, « My Favorite things » : 

Le seul morceau de Jazz que j’ aime profondément, et aussi pour faire la nique aux fans de Miles Davis (y’en aura sûrement à la cérémonie)… J’ aurais pû choisir la version chantée du film « La Mélodie du bonheur », mais la voix de la chanteuse qui double Julie Andrews me vrille les nerfs, et en puis tout le monde se serait foutu de ma gueule. Non, Coltrane, c’est plus classe, quand même. 

 

_Les Beach Boys, « I just wasn’t made for this time » : 

Pour le titre, déjà. Pour ne pas choisir « God only knows » comme tout le monde (même mort, toujours soigner sa réputation de snob, c’est important). Et, surtout,pour signifier mon indécrottable amour pour Brian Wilson, qui m’ aura aidé à vivre un peu moins mal. 

 

-My Blody Valentine,  » Blown a wish  » : 

Un groupe qui m’ a foudroyé étant toute môme, donc un peu pour la beauté de l’idée de cercle… Et aussi pour introduire un peu de malsain dans cette sélection, un peu trop propre sur elle… De la musique qui donne envie de prendre de la drogue (au contraire de Pink Floyd, qui donne envie de virer straight edgedirect…). 

Tout cela n’est pas très rock, je vous l’ accorde. Mais j’ en aurais assez écouté ma vie durant, et la mort est une bonne occasion de modifier un peu ses habitudes, n’est-ce pas … 

Sinon, pour le reste des festivités proprement dites, mes exécuteurs testamentaires n’ auront qu’ à suivre à la lettre le programme proposé par Brel dans « Le Dernier Repas » : tout y est, les lieux, les consignes à donner aux convives, les animaux, les interrogations métaphysiques de rigueur et  » ce vin si joli, qu’on buvait en Arbois » (un macvin de base fera très bien l’affaire, vous ruinez pas en vin jaune). 

 

Voilà pour moi…