Napalm d’or ou le sacre d’un critique

Pour l’instant, c’est la jubilation médiatique qui prime, forcément. Il paraît que tout le monde attendait ça depuis 20 ans… La concorde nationale, l’ union sacrée, comme pour la coupe du monde 98 ou la libération de Florence Aubenas. Du lien social au rabais, aussi fugitif et factice que que la brise télévisuelle qui le porte. C’est bien simple : on avait pas connu pareil événement depuis le sacre hollywoodien de Cotillard-la-simplette. C’est dire.

Un français a « la » Palme donc. Belle affaire. Remise par un jury présidé par l’ « ami américain » en plus…Sean Penn… Un brave gars qui n’ aime pas la guerre, qui veut du social, du contemporain, du  » vécu » dans le cinéma. Du Réel. Du Vrai.
Accessoirement, l’ ex de Madonna aussi.
Il en a voulu, il en a eu.

 » Entre les Murs », film de Laurent Cantet. Il avait réalisé « Ressources Humaines », il y a quelques années…un film formidable, un genre de chef- d’oeuvre, beau, sobre, émouvant. Une exception, en somme.
Là, il s’est a acoquiné avec François Bégaudeau, cacique des Cahiers du Cinéma nouvelle version, qui comme tous les critiques, de nos jours, est un prof qui sort de Normale Sup’.
Ses articles dans les  » Cahiers » sont assez représentatifs de l ‘état de la critique de cinéma en France : obsédés par les poussiéreux théorèmes Bazino-Rivetto-Truffaldiens (qui, je le rappelle, ont été forgés il y a 50 piges…), arc-bouté sur les principes vermoulus de la Nouvelle Vague, stylistiquement ampoulés, conceptuellement ineptes et creux comme c’est pas permis… Ce gaillard, qui ne manque pas de se gargariser de ses propres mots, s’intéresse aussi à la chose rock..et a commis un livre sur les Stones absolument imbitable ( « Mick Jagger, un démocrate »…Tout un programme, n’est-ce pas…).
Mais le plus important : il a été prof en zone sensible . Oui, chez les « barbares ». Là où personne n’ose s’aventurer. La sacro-sainte caution du réel. Cela est son principal fait d’armes… Ce pour quoi on l’ admire… Il est sorti de sa caverne universitaire pouréclairer et éduquer les jeunes sauvages, armé de son seul courage- qui est, il est vrai, incommensurable.
Car oui, c’est un humaniste : la preuve, il vote à gauche.
De cette expérience inédite et stupéfiante, il a tiré un roman celui-là même dont s’inspire le film. A eu droit à la couverture de Télérama, rien de moins. Etonnant, non?
Les critiques parlent au critiques..qui le leur rendent bien. Une endogamie digne des peuplades primitives.
Et tout est bien comme ça. Entre soi.

On appelle ça  » l’ ouverture », je crois…

Pialat, hué, avait plus de panache que n’ en aura jamais Bégaudeau acclamé. Le premier était un génie, le second un poseur. Mais l’ époque préfère, dorénavant, célébrer ceux qui lui donnent ce qu’elle réclame. Les bons élèves. Les Profs de Cinéma. Desplechin et ses copains. Elle ne prend même plus la peine de cracher à la gueule des autres. Les ignorer suffit amplement.

Sale temps pour le cinéma français. Mais ce n’est pas nouveau. Et sera sans doute de pire en pire.

Mais je « garde la pêche », comme le dit la chanson…
Toujours.

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